Les Premices
Tout a commencé par une voile, il y a bien longtemps. Une simple voile, sur un simple navire aux cales pleines de merveilleux trésors. Personnes n’y fit attention, si ce n’est ceux qui comprirent comment ces biens venus d’ailleurs pourraient les rendre un peu plus riches. Et quand bien même certains s’en seraient rappelés, ils sont tous morts aujourd’hui.
Après cette voile en vinrent d’autres, aux cales toujours plus grandes, toujours plus pleines, menées par ces hommes aux dos larges et à la stature imposante. Bien sûr personne ne fit attention à eux, trop occupés à marchander leurs biens, si bien qu'aucun ne vit qu’ils repartaient un peu moins nombreux qu’ils étaient venus.
Et petit à petit ils se trouvèrent là, partout, discrets. C’était il y a bien longtemps tout cela. Un autre temps, mais peu importe...
La Colere
Les guerres entre les hommes et contre les monstres avaient fait de l’Alagaesia une contrée sauvage, fatiguée, au sol imbibé du sang de ses habitants. Tant d’hommes s’en étaient allés pour Brexinga, pour Pierrot, pour Myad et pour le Mor’ranr. Des enfants, des vieillards, tout ceux capables de porter une lance, et si peu étaient revenus. Brisés par leurs ennemis sans même trop savoir qui ils étaient. Morts par milliers sous les épées, les jets de flammes et les sortilèges.
Les champs, pour moitié, étaient devenus friches, et la faim se fit sentir. C’est alors que les murmures commencèrent, et que la révolte doucement se mit à gronder dans les ruelles. Ils n’étaient que de simples hommes en quête d’un meilleur monde, et tous portèrent une oreille attentive à ces hommes, ces étrangers à l’accent venu d'ailleurs, ces voyageurs. Ils leur disaient qu’un meilleur avenir les attendait, mais que pour cela, ils devraient se lever, que pour cela, ils devraient vaincre ceux qui depuis toujours disposaient du plus injuste des dons. Celui de contrôler les forces de la nature.
La Revolte
Tout a commencé, diront certains, par un bucher, une corde, ou une lance, pour ces mages, sorciers et guérisseurs, qui furent les premières victimes de cette guerre. Une guerre civile qui n’exprimait finalement que le dernier souffle d’un peuple en détresse. Mages, ombres et dragons avaient fait tant de ravages pendant de si nombreuses années. Les murmures des étrangers ne furent que le déclencheur, et bientôt d’autres voix s’élevèrent d’entre les rues, devant les foules et sous les applaudissements. Gaspard, avec force et talent, fut le premier à comprendre et canaliser le mouvement dont il était témoin.
Il y eut Teirm, tout d’abord, mais c’est bientôt tout le Nord que les doués de magies n’eurent d’autre choix que de fuir. Vers le sud, où peu à peu ils se trouvèrent persécuté également, vers le désert où de nombreux périrent, ou la forêt elfique qui leur réserva un sort non moins terrible.
L’empereur désavoua Gaspard et lui retira ses titres, ses terres et son honneur. Furieux, soucieux de regagner son honneur et d'en finir avec un règne qu'il désapprouvait, le seigneur de Teirm prit les armes et bientôt ce sont deux armées qui se mirent en marche. Alors que la première se dirigeait glorieusement vers la ville de Dras Leona, l’autre apparaissait au loin sur l’horizon.
Le Siege
Encore inconsciente du danger qui menaçait l'Alagaësia tout entière, les troupes nostroises eurent tôt fait d'assiéger Dras Leona, menaçant l'Empereur et l'Empire, au nom d'un honneur sali. Unie au nom d'un même idéal, soudée par une fraternité de guerre, elle semblait prête à attendre la fin du monde pour obtenir vengeance. Une fin du monde qu'elle ne savait pas si proche.
Les troupes de l'Empereur, affaiblies par la guerre, privées de nombreux vassaux, ne purent que soutenir le siège, sans parvenir à repousser l'armée. En catastrophe, et prévoyant sa perte, l'Empereur parvint à envoyer un message au Surda, implorant une aide rapide et efficace. Les mots étaient clairs et simples. Si nul ne se dressait sur la route de Gaspard, assoiffé de pouvoir, l'Alagaësia entrerait à nouveau dans une guerre sans merci.
Le Blitz
On dit que Teirm tomba le premier jour. Ce n’est pas tout à fait vrai, mais s’aurait put l'être. Les Premiers Hommes trouvèrent une cité vidée de ses hommes et de son armée, affaiblie par l'absence de magiciens en ses rangs. Le combat ne fut pas long et rapidement l'armée eut tôt fait de conquérir la Nostrie et de marcher sur Dras Leona où l'attendait l'Empereur et son pouvoir.
Teirm capturée, l'armée nostroise perdit à la fois renforts et approvisionnement. Apprenant que l'armée du Surda marche vers Dras Leona, bien déterminée à en découdre, et prit entre les feux de trois armées, Gaspard leva et parvint à s'enfuir à la tête d'une petite troupe de fidèles, laissant place libre au reste des combattants.
On murmure qu'il fut à l'origine de la si grave erreur tactique qui coûta la vie aux deux royaumes et que, induisant consciemment en erreur ceux qui l'avaient désavoué, il les entraîna jusqu'à l'armée des Premiers Hommes, loin de leur cité et de ses défenses millénaires. La suite ne fut qu'un vaste massacre. Surpris, l'Empereur et le Prince du Surda ne purent riposter face à cette armée étrange qu'ils n'avaient pas attendue et, de chocs frontaux en replis désorganisés, leur vaste armée fut réduire à néant. Les mages, qui jusqu’alors avaient fait la force des armées de l’Alagaesia, se trouvèrent impuissants face aux envahisseurs. Nul ne réchappa au carnage.
Ce fut donc dans une ville à peine défendue, tenue par quelques garnissons restées en défense, que les envahisseurs pénétrèrent victorieux. Des sortilèges de protection anciens de plusieurs centaines d’années, ne furent d’aucune efficacité contre ces gens venus d’un autre mondes. Aussi purent-ils pénétrer dans la ville comme si jamais aucun homme n’avait cherché à la protéger. L'Empereur mort, l'armée du Surda défaite, rien ne s'opposait plus à leur conquête, leur pouvoir, leur empire.
Beaucoup diront que les envahisseurs s’étaient montrés cléments car ils ne tuèrent personne qui n’avait prit les armes contre eux et qui sur leur passage accepta de s’agenouiller. Pour les autres, des pics chaussés de cadavres se mirent à pointer au bord des routes qui menaient en ville.
A Urû Baen, le drame fut plus terrible. D'anciennes protections magiques, gorgées de magie, prêtes à détruire l'ennemi d'un souffle dévastateur, se retrouvèrent submergées par le déferlement de magie qui accompagna le siège. L'étrange magie des Premiers Hommes sembla soudainement les saturer et toutes explosèrent, détruisant une partie de la ville. Des quartiers entiers se retrouvèrent ensevelis, tuant la population qui y vivant. Des failles s'ouvrirent dans le sol, laissant s'échapper les miasmes d'une corruption qui ne tarderait pas à s'étendre. Quant aux murailles, éventrées, balayées par le souffle, elles ne purent retenir plus longtemps l'assaut qui attaquait leurs flancs. Les citoyens morts par centaines, l'armée décimée, les Premiers Hommes purent se montrer cléments, sans craindre de rébellion. Aucun homme n’avait à craindre de l’envahisseur, disaient-ils, à conditions qu’ils se montrent dociles et obéissants. Ainsi la plupart des habitants courbèrent-ils le dos, tandis que d’autres s’enfuirent pour résister. Mais qui sait combien parmi eux parvinrent seulement à trouver assez pour se nourrir.
Les Elfes
Avant que le conseil des elfes, fragilisés par des luttes de pouvoir intestines, ait pu décider de son implication, la nation tout entière se retrouva prisonnière dans la forêt légendaire. L'armée des Premiers Hommes trop rapide, les avait pris de court. La solution la plus facile fut adoptée et tous se retranchèrent à l'abri de leurs arbres. En vérité, ils n’auraient put agir s’ils l’avaient voulu. Depuis plusieurs mois déjà la forêt semblait s’être affaiblie. Les sorts qui depuis des millénaires avaient fait de ce milieu l’habitat protecteur d’une nation entière l’avaient transformé en un milieu dangereux et hostile.
Opportunistes, quelques envahisseurs étaient parvenus à pénétrer la forêt elfique. Beaucoup y périrent, repoussés par les créatures qui l’habitaient et les arbres eux-mêmes, mais non sans tracer quelques runes à même le sol ou sur le tronc des arbres. Blessée, la forêt chercha à se protéger un temps, comme prit d’une montée de température. Elle devint hostile à ses habitants, mais le mal fut plus fort et l’équilibre fragile de l’écosystème magique finit par s’effondrer. Certains sortilèges disparurent tandis que d’autre refirent leur apparition, des créatures envahirent les bois, si bien que les elfes n’eurent pas même l’opportunité de prêter la moindre attention au véritable danger qui émergeait à l’ouest. Leur habitat si cher se retournait contre eux.
La Destruction
Tout commença par un cri, dans la forêt. Un cri de rage et de douleur quand les fondations de la terre elles-mêmes tremblèrent lorsqu'Urû Baen tomba. Un cri qui se gonfla et se répercuta dans toutes les gorges, résonna sur tous les troncs. La terre gémissait et la corruption des premières failles faisait trembler la forêt elle-même. Pour le première fois depuis longtemps, les elfes prirent les armes et constituèrent la plus formidable armée de magiciens que l'Alagaësia ai connu.
Puisque leur magie était vaine contre l'étrange armée venue de la mer, du moins pouvaient-ils arrêter le déferlement sans fin de bateaux qui amenait avec lui toujours plus de morts et de violence. Postés sur les hauteurs de la Crête, dominant la mer si calme, ils entamèrent leur chant, attirant l'eau, la séduisant et la modelant comme ils avaient su le faire avec leurs demeures de bois.
Une vague se leva, si haute qu'elle semblait pouvoir engloutir les Beors eux-mêmes. Si haute, que nul ne pouvait la freiner, pas même les étranges prêtres et leurs symboles de puissance. Lorsqu'elle retomba, elle noya avec elle la Nostrie, dévastant villes et villages, tuant sans distinction tous ceux qui n'avaient pas réussi à fuir. Mais le choc fut plus violent que nul ne l'avait prédit. La terre, fendue, corrompue, dévastée, gorgée d'une magie qu'elle ne parvenait plus à éliminer, se fendit, comme un fruit trop mûr.
Des failles s'ouvrirent, dans tout le pays, lézardant le sol. Beaucoup partaient d'Urû Baen, courant sous la terre pour émerger sans que l'on ne puisse savoir pourquoi. Les Beors explosèrent alors que les anciens volcans se réveillaient et crachaient leur lave, vomissant les entrailles de la terre. Et chaque fois la corruption les accompagnait, transformant plantes, animaux et humains en monstres hideux assoiffés de sang. Ce qui n'avait été que des légendes devint réalité et bientôt l'on vit des hommes dévorer leurs enfants ou se regrouper en hordes malfaisantes.
Des failles, d'étranges créatures en sortirent. Si semblables aux humains et capables de prendre l'apparence qu'elles souhaitaient. Dans le combat, leur peau devenait acier, leurs membres devenaient griffes, crocs et lames acérées. D'eux, semblait émaner la corruption qui rongeait le monde.
La Fatalite
Au prix de la vie de milliers d’hommes, un coup fort avait été porté à l’armée d’invasion et à sa flotte. Mais cela ne suffit pas. Séparée en deux, une partie de l’armée se dirigea vers le Nord. À Gil’Ead, un siège impitoyable débuta, et les villes de moindre importance furent prises et pillées.
Lorsqu’enfin, un mois seulement après le début des combat, la nation elfique se trouva face à un mur de flammes. Le Du Weldenvarden brûlait. Les elfes luttèrent encore et encore contre les flammes, impuissants, et ne purent trouver la force nécessaire à affaiblir l’ennemi tant que ces flammes menaceraient leurs maisons.
Pendant ce temps, Gil’Ead fut mise à feu et à sang. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une vengeance, mais nul ne put vraiment en témoigner, car la cité nordique se trouva transformée en ruines, et seuls quelques chanceux parvinrent à se cacher suffisamment profond dans les souterrains de la ville pour ne pas être passés au fil de l’épée.
Au sud, le Surda, lentement mais surement, fut pris à son tour, et sa population réduite en esclavage. Par chance, les champs ne furent pas saccagés. Les ennemis en premiers savaient qu’ils en auraient besoin pour nourrir leurs propres hommes.
La Fin de la Guerre
Le feu enfin maitrisé, les elfes se trouvèrent face à une armée fière et forte, prête au combat et amassée le long de ce qui formait la nouvelle lisière du territoire elfique. Le Du Weldenvarden n’était plus que cendres jusqu’à Osilon, et la clairière des dragons était aussi grise qu’elle avait été verte auparavant. Meurtrie, la nation elfique tout entière se souleva et combattit l’envahisseur. La bataille dura cinq jours sans discontinuer, sur le sol brûlé de la forêt morte. On dit que pour un elfe tombé, dix envahisseurs trouvèrent la mort, mais cela ne suffit pas et Osilon fut prit à son tour, désertée par ses habitants qui se trouvèrent contraint de s’exiler aux quatre vents, car même eux ne pouvaient plus vivre dans la forêt tant celle-ci était devenue hostile. C’était comme si l’arbre Menoa lui-même avait décidé que dorénavant plus aucune civilisation ne pourrait habiter ces terres. Et Ellesméra elle-même se trouva désertée.
La Conquete
En quelques mois à peine, la guerre était finie, des peuples détruits et exilés, la terre souillée. Partout, le monde portait les stigmates de la violence. Mais, pour les Premiers Hommes, tout restait encore à faire. Des bastions furent construits, de la campagne, dans les villes et leur œuvre de colonisation commença. La loi martiale fut affichée, dans chaque bourg, proclamant la force des envahisseurs.
Urû Baen et Dras Leona, tombées bien plutôt, devinrent leurs places fortes, symboles de leur pouvoir toujours grandissant. Leur organisation, encore rudimentaire mais efficace, faisait régner l'ordre dans chaque province soumise. Mais, pendant que leur domination s'étendait peu à peu, que leur force pliait les populations, une résistance s'organisa. Quelques places fortes, tenues par des chefs locaux, se dressèrent sur la route des envahisseurs et une nouvelle guerre, plus sournoise, moins violente, faite de trahisons, d'escarmouches et de sabotage commença.
Aberon accueillit tous les fuyards, nobles comme pauvres, combattants comme paysans et devint un haut lieu de la résistance malgré l'envoi régulier de patrouilles. Gil'Ead, quant à elle, devint un bidonville d'elfes et d'humains qui se dressait parmi les ruines de la cité, rebâtissant les murs effondrés, restaurant les édifices branlants. Des réseaux d'espionnage, de clandestins et de marché noir s'organisèrent rapidement dans les combles et les égouts de la cité, trompant et piégeant les Premiers Hommes.
Et la corruption s'étendait...
La Peur des Monstres
Uru Baen, la ville corrompue. La ville aux mille monstres. Alors que les tensions de la guerre peinent à s'effacer dans la ville et que ses remparts éventrés témoignent encore des luttes qui y font rage, la vigilance tombe. Nul ne prête attention aux sinistres rumeurs des bas-quartiers, aux disparitions étranges et aux cadavres déchiquetés qui terrifient ceux que la guerre a repoussé dans les taudis. Mais c'est bien parmi les Premiers Hommes que l'horreur apparut. Nul ne sait exactement ce qui se passa, comment la corruption s'insinua dans l'esprit d'un simple soldat pour le détruire et le ravager. Mais les rares témoins rapportent qu'une soif de sang aurait grandi dans son esprit jusqu'à le pousser au meurtre et au cannibalisme. Le monstre qui naquit de son corps, lui en revanche, n'avait plus rien d'humain et la dévastation qui en suivit marqua à jamais les esprits. Pendant des jours, la corruption se déchaîna, envahissant la ville de monstres et d'étranges manifestations.
Les Premiers Hommes venaient de faire leur première rencontre avec une menace qui dépassait, de loin, celle que faisait planer les rebelles sur leur nouvel empire. Ils ne pouvaient protéger la population d'attaques qui les dépassaient.
Rune et Corruption
Leur peur fut immense. Pour la première fois depuis leur arrivée dans ces territoires lointains, quelque chose s'opposait à eux, capable de les détruire et de les ronger de l'intérieur, sans même qu'ils n'en aient conscience. Alors qu'ils avaient sacrifié les corrompus dans les arènes de Sombrenef, face aux ennemis de l'empire, la corruption leur avait dévoilé sa pleine réserve d'horreur. Les fiers guerriers de Mastaï pouvaient être touchés par la corruption et nul ne pouvait les guérir.
Ce fut cet amer constat qui poussa les premiers runistes à se pencher sur la corruption. Leurs recherches furent longues mais ils parvinrent, à grand peine, à créer une rune capable de protéger le porteur des ravages du mal. La production en était longue, maîtrisable uniquement par les meilleurs des runistes et réservée pour les meilleurs guerriers. La production en fut maintenue secrète et seuls quelques élus partagèrent la découverte. Pourtant, le monde entier n'allait pas tarder à la découvrir.
De Pierre et de Sang
Les rebelles n'avaient que trop défié l'empire. Leur citadelle, perchée dans les hauteurs de la Crête, narguait les milices, se dérobait aux espions. Face à leurs menaces, à leurs pillages et leurs raids incessants, les Premiers Hommes décidèrent d'assurer leur domination. De lourds bastions s'érigèrent le long de l'ancienne forêt elfe. Ils défiaient leurs ennemis, appelaient au combat. Et, comme toujours, le combat vint, avec sa cohorte de morts et d'horreur.
Les rebelles attaquèrent à l'aube, furtivement. Dissimulés derrière des écrans de fumée, ils se lancèrent à l'assaut du bois et des armes, à trois contre dix. Longtemps, les luttes furent incertaines jusqu'à ce qu'au milieu de l'après-midi, d'étranges renforts n'arrivent sur le champ de bataille. Menée par des Premiers Hommes, de solides vétérans de confiance, une cohorte de corrompus, de monstres de la corruption, de vomissures des failles, se lancèrent à l'assaut des armées rebelles. Alerté, l'Equilibrium dépêcha ses mages, traqueurs, chamans et guérisseurs mais leur savoir était encore trop fragile pour servir une guerre. Comment la bataille se finit ? La confusion fut trop immense pour qu'un récit puisse en être tiré. Mais parlez aux survivants. Une même peur luit dans tous les yeux, une même horreur sans nom lie les langues.
Quand naît la Confusion
Perdant, vainqueur… nul ne se soucia du sort de la bataille. Les Premiers Hommes eux-mêmes avaient été choqués par les armées qu'ils avaient vu déployées ce jour-là. Offensés, ulcérés, les hommes de Mastaï sommèrent l'Epée d'abandonner ses projets fou, de s'éloigner d'une corruption qui était une insulte aux Dieux. Mais, du palais de Dras Leona, nulle réponse ne leur parvint et, un mois plus tard, la nation entière était divisée. Une partie de l'armée, trop fidèle à l'honneur de leur chef, trop liée par les lois guerrières, intégra dans leurs rangs les étranges bataillons de monstres tandis qu'une partie, toujours plus grande, se soulevait sans bruit contre leurs propres dirigeants. Les murmures enflaient sans que nul ne trouve le courage d'attaquer l'homme légendaire qui dominait le pays. Quelques Premiers Hommes en viennent même à rejoindre secrètement l'Equilibrium, quitte à fermer les yeux sur les mages renégats qu'ils doivent côtoyer et à taire le nom de leurs dirigeants. Face au chaos et à la désolation, apparut l'union étrange de deux peuples, soudés derrière un même idéal de paix.
Les rebelles, quant à eux, avaient déserté Kedesor Faivre. Chassés par la peur, la guerre, l'horreur, ils se réfugièrent au Surda, seule terre encore insoumise à l'autorité de Mastaï. Depuis, on raconte qu'ils créent d'étranges armes, toujours plus nouvelles, toujours plus dévastatrices pour poursuivre leur quête de liberté sans merci.
Les Rumeurs
Ballotté, déchiré entre les luttes intestines des Premiers Hommes, la guérilla avec la Cam Serarna et la corruption que tente d'endiguer en vain l'Equilibrium, le peuple ne sait plus à qui se vouer. Inquiet de son sort, il colporte les plus folles rumeurs.
On murmure qu'Uru Baen serait perdue aux yeux des chamans et guérisseurs qui luttent contre la corruption. Trop de monstres, trop de maux en sont sortis pour que les dommages puissent être réparés. Les habitants, privés de tout espoir, s'en remettent aux dirigeants de la ville pour les préserver. Certains prieraient même Mastaï pour leur salut.
On murmure également que certains elfes, massivement réfugiés à Gil'Ead, se prépareraient à partir pour le désert retrouver une paix et une autarcie perdue. Ils chercheraient à atteindre le Du Fells Nangoröth et son étrange faille luxuriante.
Nombreux sont ceux qui doutent également de l'esprit de l'Epée de Mastaï et d'étranges rumeurs circulent sur son compte.