Un univers voisin…
L’histoire de Cara Teixeira
Dans le multivers, dans un univers proche de celui de Terra…
Tes yeux, ces deux orbes couleur noisette, se fixe sur les sept livres étalés devant toi. Tu les as ramenés d’une escapade un peu spéciale. Une escapade dans un autre monde, dans un autre univers.

Quelques mois plus tôt, tu as découvert un étrange passage pour te rendre sur ce monde, dans cet univers, et tu y as passé quelques jours, perdue, confuse, avant de réussir à rentrer chez toi. Tu as vite compris ce qui se passait. Tu n’as pas répartie à Serdaigle, mais ce n’est pas pour autant que tu es conne. Tu es une Serpentarde. Ambitieuse. Rusée. Manipulatrice. Visionnaire. Tu pratiques toutes les formes de magie existantes, magie avec baguette, sans baguette, magie rouge, magie noire, magie de l’esprit. Tu connais les potions, tu y excelles même ! Tu es intelligente et vive. Un petit tour dans les grimoires familiaux, et tu as trouvé ce que tu cherchais. Tu as découvert un portail inter-dimensionnel. Et ce n’est pas un truc de moldu, contrairement à ce que tu as pensé la première fois que tu as vu ce terme.

Cet univers, donc, t’es apparu comme une contrée médiévale, reculée. Pas de technologies, des esprits étriqués… Mais tu as pu voir qu’il était bien plus que cela. Il abritait d’autres contrées, plus avancées, ou moins. Il abritait différentes religions, différents peuples. La magie aussi y était présente, et la tienne marchait d’ailleurs très bien. Puis, au sein même de ce monde, tu as découvert un autre portail. Mais il ne te ramenait pas vers ton monde. Il te menait dans un autre monde, encore. Un monde plus semblable au tien. Dont la civilisation semblait au même niveau, partout sur le globe. Et puis, dans ce monde ci, tu as trouvé ces livres. Sept tomes. Ecrits par une certaine J. K. Rowling. Mais ce n’est pas l’auteur qui a attiré ton attention. Non. C’est le titre. Harry Potter à l’école des Sorciers, Harry Potter et la chambre des Secrets, etc… Potter.

Tu connais des Potter. C’est une famille respectable. Des sang-Pur, descendant des frères Peverell. Nobles, riches, fréquentables. Mais il n’y avait pas de « Harry » Potter. Il y avait un Arthur, un James, mais pas de « Harry ». Alors ça t’as intrigué. Et tu as volé les livres. Oui, parce que tu n’allais pas acheter des livres à des moldus, quand même. Faut pas abuser.

Et te voilà. Tu es rentrée depuis plusieurs jours déjà, sans qu’il ne se soit écoulé plus d’une heure alors que tu as été absente au moins six jours. Le temps ne s’écoulait pas à la même vitesse, donc. Mais soit. Tu n’avais cependant toujours pas touché aux livres, depuis ton retour. Tu t’étais renseignée, avant. La J. K. Rowling de l’autre monde n’existait pas ici. Ou pas sous ce nom. Et il n’y avait aucun Harry Potter dans la lignée Potter. Même pas un Cracmol.

Alors tu te dis que, finalement, tu devrais peut-être les lire. C’est Moldu, mais ça parle de ton monde. Ça ne fera sans doute pas de mal.

* * *


Une semaine plus tard, tu contemples les livres avec désolation. L’auteur avait sûrement dû faire une incursion dans le monde magique. Si c’était une moldue, alors le Secret Magique avait été compromis dans l’autre univers. Si c’était une Cracmolle, ça expliquait mieux. Mais elle était bien renseignée, la plupart du temps. Les coutumes, les noms, les lieux, les artefacts, les lois… Il y avait beaucoup de vrai dans ce récit. Pas les personnages, heureusement. Sérieusement, ce Harry Potter déshonorait la lignée Potter. Tu devrais le faire lire à Arthur, d’ailleurs. Il serait horrifié. Et puis ce Lord Voldemort. Sérieusement. Un sang-mêlé qui veut exterminer la racaille moldue et sang-de-bourbe. Ironique, non ? Pas crédible pour un sou. Pourquoi des Sang-Pur iraient suivre un sang-mêlé, sérieusement ? Et ce Dumbledore… Tout bonnement ridicule.

Tu ranges les livres dans une malle, pour ne plus les avoir sous les yeux. Tu creuseras ce mystère si tu retournes dans ce monde. Mais pour le moment, tu as une réception à honorer de ta présence. Autrement plus important qu’une histoire débile écrite par une moldue ou une Cracmolle. (Non, tu n’imagines même pas qu’elle soit sorcière, cette J. K. Rowling. Ce serait trop déshonorant. Ou alors, c’est une sang-de-bourbe qui voulait prendre sa revanche. Dans tous les cas, c’est déprimant.)

D’un geste négligent, tu fais glisser la malle sous ton lit d’un coup de talon. Tu claques des doigts, et Tiny, l’elfe de maison, apparut.

« Maîtresse Cara a appelé ? Tiny est là pour servir. »

Tu contemples la créature un instant, détaillant ses grands yeux globuleux, ses oreilles tombantes, ses longs doigts décharnés et son corps amaigri recouvert d’une taie d’oreiller crasseuse. Tu repenses à ces livres, un instant, avant de secouer la tête.

« Oui, Tiny. J’ai besoin de ma robe pour la soirée. Et tu me coifferas ensuite.
- Tout de suite maîtresse Cara. Tiny s’en occupe. »

L’elfe disparut un court instant, avant de réapparaître dans un « clac » discret, portant une housse noire sur un cintre. En l’ouvrant, tu souris. La robe que tu avais commandée, en soie d’Acromentule, est ravissante. Elle t’arrive environ à mi-cuisse. Elle est noire, agrémentée de fil d’or à certains endroits. Tes cuisses fuselées ressortent d’autant plus que, malgré le hâle doré que tu arbores en continue, elles paraissent claires. Chaussées de délicieux escarpins, tes jambes galbées sont mises en valeur. Tes hanches évasées sont soulignées par une discrète ceinture en fils d’or, et une grosse boucle te permet de la resserrer autour de ta taille fine sans rien cacher de ton joli ventre plat. Ta poitrine, un peu plus haut, est rehaussée par un décolleté légèrement plongeant, dévoilant des orbes de chaire laiteuse et arrondies. Un peu de dentelle a été rajouté, attirant l’œil dessus. Tes épaules déliées sont à peines couvertes par deux bretelles qui se rejoignent dans ta nuque. Et ton dos, délicieusement cambré, est laissé nu pratiquement jusqu’à la naissance de ton fessier rebondi.

Un sourire satisfait se glisse sur tes lippes carmine, et tu t’assois sur la coiffeuse. Tiny se charge de tes cheveux, ta magnifique crinière brune aux boucles naturelles, pendant que tu observes ton reflet. Tes pommettes hautes, ton nez fin et légèrement retroussé, tes prunelles de teinte noisette… Tu es le portrait craché de ta mère. Heureusement que tu n’as pas hérité de l’embonpoint prononcé des demoiselles de la famille Almeida, ta famille maternelle. Tu préfères de loin ta silhouette svelte et gracieuse, courante chez les femmes Teixeira, ta famille paternelle. Tes assassines rectifie une mèche que Tiny a loupé, lors de la confection du chignon sophistiqué, et tu la boucles doucement avant de la glisser derrières tes petites oreilles.

En songeant à ce qui es petit chez toi, tu songes à ta taille. Tu ne fais guère plus d’un mètre cinquante-cinq. On ne te prends pas au sérieux, si on ne te connaît pas. C’est déprimant. Tu gronde de dépit. Mais tu retrouves le sourire quand, avec un claquement familier, tes pas résonnent sur le carrelage. Heureusement que les escarpins ont été inventés. Avec un talon aiguille, tu rattrape facilement dix centimètres. Si ce n’est plus.

Refermant la porte de ta chambre, tu descends doucement l’escalier de marbre qui trône au centre du manoir. Il ne monte jusqu’au troisième étage, malheureusement, et il faut emprunter un petit escalier de bois pour monter au quatrième. Et pour aller au grenier, n’en parlons même pas. Mais ce soir, tu n’es pas concernée. Ce soir, tu descends l’escalier pour arriver dans le vaste hall de Teixeira Manor, attirant les regards admirateurs, lubriques ou intéressés des nombreux invités de la réception. Ils ne sont certes pas là en ton honneur, mais ça te plaîs, cette attention sur ta personne.

Tu n’es pas vraiment égocentrique, mais malgré tout, tu aimes bien qu’on te reconnaisse. Qu’on t’admire. Tu aimes susciter l’envie, la jalousie, le désir. Toutes les attentions ne sont pas bonnes à prendre, malheureusement. Mais tu as assez de caractère pour moucher ceux qui te déplaise. Pour leur tenir tête et leur faire ravaler leur foutue attention. Tu n’as pas ta langue dans ta poche. Tu as beau avoir été éduquée comme une parfaite petite sang-pur, tu es bien plus que ça. Tu es une femme au sang chaud. Tu bous lorsque tu te dois d’être calme, en publique. Tu préfères répondre franchement que par les manières alambiquées nécessaires en politique.

Tu es têtue, aussi. Déterminée à aller au bout de tes rêves, de tes idées. Non, tu n’épouseras pas cette larve de Godric Weasley. Tu ne l’as jamais aimé, ce crétin. Son frère, Gareth, est déjà plus intéressant. Mais il est marié depuis peu, et apparemment fidèle. Dommage. Mais tu t’en remettras. Tu es peut-être encore vierge, ce fichu sortilège rituel t’empêche de te « déshonorer » avant le mariage, mais tu connais pas mal de chose au sexe, et tu sais de source sûre que Gareth est très bien membré, contrairement à son frère cadet. Tu te souviens de l’année dernière, quand tu as surpris Godric à poil dans les vestiaires après un match de Quidditch particulièrement violent. Il était doté de mensurations correctes, sans plus. Mais, tu t’égares. Ce n’est pas à cela qu’il faut penser, alors que tu navigues parmi le gratin des nobles. Tu te concentres plutôt sur ton but, dans la vie. Tu es exceptionnellement douée en magie. Tu étais première de ta promotion, à Poudlard, et également à l’université magique, ensuite. Tu vas ouvrir ton propre commerce, proposant à la vente des potions de ton cru, mais aussi des tas d’objets que tu as pu mettre au point pendant ta scolarité. Des miroirs communicants, par exemple. Au contraire des miroirs à double sens, tes miroirs communicants s’insèrent dans un vaste réseau de miroirs, un peu comme les cheminettes. Un numéro est gravé au dos, et permet ainsi la reconnaissance de l’interlocuteur. Tu n’es pas peu fière de cette invention, que certains sang-de-bourbes disent pompée sur les moldus. Ils sont justes jaloux que tu aies déposé le brevet à l’âge de quatorze ans, et pas eux. Après tout, tu n’as jamais vu les moldus communiquer avec des miroirs, c’est débile.

Oui, donc. Tu ouvriras ta propre boutique. Teixeira’s treasures, une boutique où l’on pourra autant trouver des potions, des inventions, que des ingrédients ou des livres. Mais attention, pas n’importes quels ingrédients, ni n’importe quels livres. Le genre rare. Et cher. Le genre recherché.

Un sourire rêveur réussis à franchir ton masque impassible, avant que tu ne te reprennes. Tu as fini le tour des gens que tu devais saluer. A présent, vous passez à table.

Le repas est long, comme toujours. Les discussions futiles ou orientées boulot. Rien de bien intéressant. Jusqu’à ce que ton père se lève, saluant les convives d’un sourire, et qu’il ne lève son verre. Tu souris avec anticipation. Tu connais la nouvelle. Tes doigts attrapent la coupe emplie d’un vin rouge de qualité, issu de la cave des Oracles de Delphes (qui, si elles sont de vraies voyantes, sont aussi réputées pour aimer les bons alcools), et tu la lèves comme les autres. Ton père parle un peu, remerciant ses collaborateurs, sa famille... Et finalement, il l’annonce. Il a été nommé Ministre de la Magie du Royaume-Uni. Il n’en est un résident que depuis un peu plus de vingt ans, mais il a su se faire une place. Se rendre indispensable. Et tu es fière de lui. Même si ça t’obliges à rester polie avec des vieux croûtons libidineux lors de telles soirées.

Tu es majeure, depuis bientôt quatre ans. Tu vas avoir vingt-et-un ans dans quelques jours, et alors le sortilège rituel de pureté, de vigueur chez toutes les familles de sang-pur, prendra fin. Sans que tu ne sois obligée de te marier pour tirer ton coup. Tu as négocié âprement avec tes parents, arguant que pour perpétuer le nom des Teixeira, ton frère aîné était déjà bien engagé. Une femme, et bientôt trois enfants. Et si c’était pour nouer des alliances, il te restais trois sœurs, encore mineures et influençables. Et tu as gagné. Tu seras indépendante dès ton vingt-et-unième anniversaire. Rien que d’y penser, ton sourire s’élargit.

* * *


Tu n’es pas retournée au Portail depuis que tu as ramené les livres. Mais tu es confiante. Après tout, tu sais où il est, et bientôt, son emplacement fera partie de ta propriété. Tu hérites en effet d’un grand domaine, dans la campagne écossaise. Des hectares et des hectares de champs, de forêts. Des villages, disséminés à quelques endroits stratégiques. Tu vas devenir la châtelaine du domaine de Glencoe Wood, et le Portail y est ancré. Il est même, précisément, situé dans l’une des cellules des cachots du château. Oui, un château. Comme Poudlard. Mais en mieux. Il est entretenu régulièrement. La magie, comme à Poudlard, y est omniprésente. Mais elle est canalisée comme il faut, et tout est donc en parfait état.

Tu as tellement hâte d’entrer en possession de ton héritage que tes mains trembles. Tu ne sais pas trop comment ce domaine a atterri dans la famille de ta mère. Les Almeida sont originaires du Portugal, et ta mère n’y est venue qu’en même temps que ton père. Mais apparemment, un de tes grand-oncle -décédé quelques jours plus tôt, Merlin ait son âme- en était le propriétaire. Et tu étais sa petite-fille (ou petite-nièce ?) favorite. Il te l’a légué, à toi et à toi seule.

Avec un sourire railleur, répondant à l’air condescendant du Mage notaire, tu apposes finalement ta signature sur le contrat enchanté. Tu as eu vingt-et-un ans hier. Les sortilèges rituels apposés à ta naissance, dont celui de la Pureté, ont pris fin. Tu n’es plus obligée de devoir obéissance à ta famille. Tu es libre de posséder des biens à toi. Une fortune personnelle. Tu es indépendante. Et autonome. Et célibataire en plus. De quoi faire jaser les vieux conservateurs. Et tu sais déjà comment tu vas fêter ça. Tu vas faire une fête mémorable dans ton nouveau château. L’alcool coulera à flot. Tu fêteras ton indépendance, ton titre de propriété (et titre de noblesse qui vient avec), la création de ton commerce sur le Chemin de Traverse, et le début de cette vie qui s’offrait à toi. Oh oui, ça allait être merveilleux.
(c) DΛNDELION